martes, abril 10, 2012

Primer poema de A. Rimbaud traducido por Luna Miguel y Laura Rosal.

En otro tiempo, si mal no recuerdo, mi vida era una fiesta donde todos los corazones se abrían y los vinos no dejaban de fluir.
Una noche, senté a la Belleza sobre mis rodillas. Y la encontré amarga. Y la insulté.
Me defendí de la justicia.
Me escapé. ¡Brujas, miseria, aversión: a vosotras os fue confiado mi tesoro!
Conseguí que desapareciera de mi espíritu cualquier esperanza humana. Sobre cada alegría, para estrangularla, salté sigilosamente como una fiera.
Llamé a los verdugos para morder, mientras fallecía, la culata de sus fusiles. Invoqué a las plagas para ahogarme en la arena, la sangre. La desgracia fue mi dios. Me revolqué en el fango. Al aire del crimen me sequé. Y me burlé de la locura.
Y la primavera me trajo la absurda risa del idiota.
Sin embargo, en las últimas horas, cuando me encontraba a punto de palmarla, decidí buscar la llave de un antiguo banquete por el que tal vez recobraría el hambre.
La caridad es esa llave. ¡Esta es la inspiración que demuestra que he estado soñando!
“Siempre serás una hiena, y esas cosas…” exclama el demonio que me coronó con tan benévolas amapolas.
“Vence a la muerte con tus apetitos, tu egoísmo y todos los pecados capitales.”
¡Ya he tenido suficiente! Pero, querido Satanás, se lo ruego, ¡relájese! A la espera de pequeñas cobardías atrasadas arranco para usted, que ama en el escritor la ausencia de facultades descriptivas o instructivas, unas pocas hojas repugnantes de mi cuaderno de condenado.

Primer poema de A. Rimbaud traducido por Luna Miguel y Laura Rosal, del libro UNA TEMPORADA EN EL INFIERNO, que publicaremos muy pronto.



Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs,
où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. -Et je l'ai trouvée amère. -Et je l'ai
injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine: c'est à vous que mon trésor a été
confié!
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute
joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai
appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me
suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la
folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac, j'ai
songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé ! 2
« Tu resteras hyène, etc... », se récrie le démon qui me couronna de si aimables
pavots. «Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux. »
Ah ! j'en ai trop pris : -Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins
irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans
l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques
hideux feuillets de mon carnet de damné.

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